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Taxon Lazare
Laurent Tixador

Commanditaires - Merlin Andreae, Ensad Paris
Léna Besse, Ensad Paris
Victor Bureau, Esam Caen/Cherbourg
Chloé Gasparini, enseignante arts plastiques
Martha Le Bars, Esba Nantes-Saint-Nazaire
Julien Le Bour, université Rennes 2
Adrien Le Cor, université Rennes 2
Chloé Lebret, Esba Lorient
Tzu-Chun Lin, Esba Nantes-Saint-Nazaire
Vassily Mitrecey, Esba Nantes-Saint-Nazaire
Setareh Rahnama, Ensa Nantes
Clément Richeux, Esba Nantes-Saint-Nazaire
Alice Rochette, Esba Nantes-Saint-Nazaire
Martin Roy, Esba Nantes-Saint-Nazaire
Adèle Tixador, enseignante arts-plastiques
Morgan Vallé, Esba Montpellier
Mediateur - Entre-Deux et Eternal Network
Soutien - Nantes métropole aménagement, NMA
Champ de Manœuvre, Nantes, 2018

« Le taxon Lazare est le phénomène de réapparition d’une espèce que l’on croyait éteinte ».

Au sein d’un nouveau quartier sur le site d’un ancien champ de manœuvres à Nantes dont l’enjeu fort est « la préservation et la mise en valeur des espaces de nature », un artiste, Laurent Tixador, travaille la dimension écologique d’une construction immobilière. Au cours d’un atelier avec une quinzaine d’étudiants, deux habitations légères, des « cagnas » ont été construites au début de l’été 2018 avec des matériaux trouvés sur place (les murs sont réalisés en torchis).

Parce qu’habiter un lieu dépasse la seule nécessité de se loger,  il est essentiel d’introduire une histoire préalable à ce quartier neuf.

Le contexte

Le Champ de Manœuvre est devenu récemment une Zac (zone d’aménagement concerté) qui voit se construire environ 1800 logements sur un ancien terrain militaire de 50 hectares à Nantes, le long de la route de Carquefou, depuis 2018.

L’objectif est de composer un quartier où la part du végétal et  celle du bâti seront intimement imbriqués. Le site offre en effet  un environnement naturel particulier par la présence de boisement, de zones humides et de formations « naturelles » d’intérêt (clairières, bocages et prairies arborées).

L’atelier

Afin de mener une réflexion collective sur ces problématiques, l’atelier proposé par Laurent Tixador consistait à agir avant le début du chantier, sur la gageure de cet aménagement qui veut conserver les ressources naturelles du site tout en édifiant des constructions d’habitation.

 Du 9 au 20 juillet 2018, un atelier a permis de construire deux cabanes de soldats appelées à l’époque des « cagnas »  d’après des documents photographiques collectés depuis 2014 par Laurent Tixador. Pour passer d’une image aux informations partielles à la construction d’un logement habitable, il faut élucider et extrapoler les matériaux qui ont été utilisés et travailler avec  la même économie.

En plein centenaire de la guerre de 1914-1918, alors que la question de la crise du logement et des réfugiés est de plus en plus prégnante, ce « taxon lazare » de l’architecture, construit de manière collaborative, prend un sens particulier, résolument investi d’un esprit de solidarité.

Les cagnas

Durant la première guerre mondiale, les soldats étaient cantonnés pendant leurs périodes de repos dans des villages ou des fermes à l’arrière du front. Quand les bâtiments sont venus à manquer, beaucoup d’entre eux ont été envoyés dans les bois pour  se reposer. Ils ont alors construit eux mêmes leurs logements  en cherchant à combiner l’habitabilité avec une vision utopique, celle du retour au foyer.

Sur quelques rares documents, on peut voir ces cabanes agrémentées de fleurs, de rideaux ou d’éléments décoratifs voués à les projeter fonctionnellement dans une sorte de quotidien léger et sans perdition.

Comme les soldats, les nombreux exilés qui vivent actuellement comme ils peuvent en Europe n’ont pas envie d’être là où ils sont. En visant à rendre un endroit toujours plus confortable et en assemblant au mieux ce qui se trouve dans leur environnement immédiat, ils cherchent à créer un urbanisme et un mode de vie  qui s’inspire des formes familières. Il s’agit souvent de constructions sans plan initial qui trouvent leur force au fur et à mesure  qu’elles évoluent et permettent à leurs usagers de se poser  un peu et de retrouver de l’énergie, grâce aussi à la vie collective qu’elles induisent.