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Face au temps
Bigert & Bergström

Face au temps - Bigert & Bergström, 2017 (10') — Saint-Denis (FR) © Estelle Lacombe Vitali (réalisation), Anna Sanders films & Fondation de France (production), 2017
Commanditaires - Dr Florence Skinazi (gastro-entérologue), Dr Isabelle Marin (médecin EMSP), Anissa Taleb (directrice de la communication, de la clientèle et de la qualité), Malika Faucher (syndicat), Idriss Farota-Romejko (IDE EMSP), Dr Nora Mahfouzi (pédiatre), Sandra Nulbati (conférencière pédiatrique), Dr Chafika Khiter (endocrinologue), Isabelle De Castro (département de l'hygiène), Fatimah Boutih (secrétaire), Alain Geerinck (peintre), Omar Hlakache (jardinier), Nicolas Druart (ex-directeur technique), Catherine Vauconsant (ex-directeur des affaires médicales), avec le soutien actif et indispensable de Yolande Di Natale (directeur général), Samir Chakhchoukh (technicien de l'hôpital senior), Emmanuel Duchamp (directeur des travaux)
Mediateur - Mari Linnman, 3ca
Soutien - Centre hospitalier de Saint-Denis, Fondation de France, Fondation Daniel and Nina Carasso, Conseil Régional Ile-de-France, Réserve parlementaire de la sénatrice Aline Archimbaud, Plaine Communes, Ville de Saint-Denis
Hôpital Delafontaine, rue Delafontaine, 93205 Saint-Denis, France, 2017

La commande

Dès les premières réunions en 2013, le groupe
de commanditaires de l'hôpital Delafontaine a
évoqué son désir de transmettre un regard
nuancé sur la relation de soin - la relation des
soignants avec les soignés tout comme celle
de l'individu avec l'institution - et de placer cette
notion au coeur de la commande.

Malgré la définition donnée par l’Organisation Mondiale
de la Santé (OMS), qui date de 1946, (ce lieu doit
assurer le bien être complet, physique, mental et social
du patient), l’hôpital devient de plus en plus un plateau
technique qui distribue des soins de haute qualité,
performant et si possible rentable. Paradoxalement,
il reste le seul lieu d’accueil de la souffrance et de la
misère. Notre société propose en effet une lecture
médicale à nombre de maux sociaux, psychologiques,
voire environnementaux, constituant une part du
bio-pouvoir dénoncé par Foucault. Le malentendu vient
de ce que les patients, venus chercher abri et solution
dans l’hôpital, ont une toute autre vision du soin.
Travaillant en Seine-Saint-Denis et particulièrement à
l’hôpital Delafontaine, en équipe mobile de soins palliatifs,
nous sommes témoins de l’échec de la technique à
traiter, voire à entendre la misère et la souffrance. Les
soins globaux dont auraient besoin nos malades vont
bien au-delà des traitements et des procédures que
l’hôpital se glorifie de protocoliser et pour lesquels il est
rémunéré.
La souffrance interroge la responsabilité de la société
toute entière et non celle des seuls soignants. C’est la
culture qui, de façon immémoriale, questionne sans
cesse ces questions existentielles du rapport de l’homme
à la naissance, à la mort, à la maladie et à la souffrance.
C’est par la culture que nos malades déracinés, ballo-
tés d’un continent à l’autre, peuvent retrouver un bout
d’identité et de place dans le monde. Nous avons ainsi fait
entrer des conteurs, des art-thérapeutes, des musiciens
à l’hôpital pour dire ce truisme que la vie humaine n’est
pas seulement affaire médicale.

Introduire l’art à l’hôpital parait incongru pour beaucoup,
tant les besoins des malades comme des soignants
sont criants ; la « crise » et notre gouvernance libérale
impose à tous économies et restrictions. La dépense
somptuaire pour rien, pour l’inutile, pour le beau ou pour
l’art choque. Et pourtant, depuis Georges Bataille, nous
pouvons imaginer qu’il est vital pour tout groupe humain
de dépenser cette part maudite. L’inutile dans nos vies,
n’en déplaise aux utilitaristes, est peut-être ce qui a le
plus d’importance : l’amour, le beau, le gratuit…
Pour en revenir à nos malades, ce qui fait la richesse
du soin (du care dit-on maintenant) est aussi ce qui ne
peut être comptabilisé : les paroles précieuses, la relation
humaine, la chaleur du toucher, la disponibilité, le récon-
fort du cadre de vie. N’est-ce pas une autre façon de dire
la culture ?
C’est ce que vient nous dire cette grande sculpture que
nous avons voulue sur la façade de notre vieux bâtiment : une oeuvre pour ceux qui viennent s’y faire soigner,
ceux qui y travaillent, ceux qui y passent et ceux qui y
meurent. Sur le béton nu de notre hôpital (nous avons
appris que ce style s’appelait brutalisme), des couleurs et
des formes qui jouent avec la lumière, et intriguent.
Mats Bigert et Lars Bergström nous ont proposé une
réflexion écologique : Face au temps nous parle du
climat, notre héritage à tous. Sous le soleil ou la pluie,
devant les changements annoncés, quels que soient nos
pays et nos continents, nous sommes peut-être les plus
égaux possibles, comme devant la maladie et la mort.
Nous nous en préoccupons dès notre lever, en parlons
tous, dans toutes les langues. Le temps qu’il fait, le temps
qu’il reste, un langage universel et une question brulante.

L'œuvre

Pour l'hôpital Delafontaine, notre oeuvre est destinée à
orner la façade du bâtiment médico-chirurgical, en sa
partie centrale. Elle remplace l'ornementation en béton,
située devant les deux colonnes de fenêtres.
Cette « dentelle », condamnée à cause de son mauvais
état de conservation, composait un contraste gracieux au
style « brutaliste » de l'architecture. Nous nous sommes
inspirés de cette conception pour développer notre
proposition pour laquelle nous avons choisi de travailler
avec le langage symbolique de la météorologie. Depuis
le début de notre collaboration dans les années 80, nous
travaillons sur ce thème qui nous intéresse en tant que
phénomène et sujet d'étude mais aussi comme un
matériau et un moyen d'expression.

Notre proposition est une reformulation de l’ancienne
ornementation par de nouvelles formes qui de manière
sinueuse et ondulante permettent de reconnaître les
indications des fronts chauds et froids, du vent, de la
pluie, des nuages et du soleil. L’ensemble forme une
carte météorologique imaginaire qui s’étend dans les
niches de la façade en faisant état des prévisions dans
différentes zones climatiques du monde. C’est une
image poétique destinée à un public aux multiples
origines.
Notre espoir est que cette proposition éveille la curiosité
des visiteurs afin qu’ils l’explorent dans ses différentes
composantes, à la fois physiquement et mentalement.
Depuis l’intérieur des étages, les symboles météoro-
logiques sont perçus comme des sculptures colorées
et réfléchissantes que les visiteurs peuvent examiner
de près. Ces formes joue également avec les différents
points de vue, sur la ville environnante.

- Bigert & Bergström

L'oeuvre est composée de deux reliefs en inox de 2x28
et 3x25 mètres. Elle emprunte les symboles graphiques
utilisés en météorologie - isobares, fronts chauds et froids,
vent, pluie, nuages, soleil. L'ensemble forme une carte
imaginaire où plusieurs zones climatiques s'entremêlent.
La nuit, des séquences de variations d'éclairage évoquent
les variations météorologiques avec une échelle de temps
condensées.

L’oeuvre est réalisée dans une tôle d’acier inoxydable
découpée au laser. Les éléments ont été façonnés dans
un atelier à Pékin, qui fait usage d’une technique
ancestrale de sculpture formée manuellement par petits
battements au marteau. Nous avons réalisé les moules
au préalable. Les formes ainsi obtenues sont ensuite été
polies et revêtues d’un laquage de différentes couleurs
transparentes. Le métal poli crée un effet de miroir qui
reflète à la fois les changements du ciel à l’extérieur et
les mouvements des visiteurs des différents étages à
l’intérieur.

Dr. Isabelle Marin, commanditaire médecin en équipe mobile de soins palliatifs

Bigert & Bergström

Lars Bergström et Mats Bigert sont nés respectivement en 1962 et en
1965 à Stockholm.

Ils ont commencé leur collaboration en 1986. Ils ont obtenu leur diplôme de l’Académie Royale des Beaux-Arts de Stockholm en 1990. Depuis ils ont créé des oeuvres variées, notamment des installations à grande échelle pour l’espace public, des sculptures et des projets de films. Souvent avec un fond conceptuel, le coeur de leur travail se situe à la jonction entre l’humain, la nature et les technologies. Avec curiosité, leurs oeuvres bordent des sujets scientifiques et sociaux, en regard de notre société contemporaine. Leurs récentes expositions personnelles comprennent
The Weather War, Shanghai Minsheng Art Museum, Chine (2017), Galerie Barbara Thumm, Berlin, Allemagne (2014), et Summerhall, Edinburgh, Écosse (2014); The Freeze, Galerie Belenius, Suède (2016), The Drought, Varberg Konsthall, Suède (2014); Tipping Point, Artipelag Art Museum,
Stockholm, Suède (2014), pour n’en nommer que quelques unes. Leurs oeuvres ont été montrées dans de nombreuses expositions à travers le monde, comprenant Liebe/Love, Wilhelm-Hack-Museum, Ludvigshafen, Allemagne (2014)
14th Videonale, Bonn Kunstmuseum, Allemagne (2013)
Flash Light Bar, performance, Moderna Museet, Stockholm, Suède (2011)
Eattopia-2010, exposition internationale d’art vidéo, Hung-Gah Museum, Taipei, Taiwan (2010)
Documentary Fortnight, MoMA, New York, États-Unis (2009)
2ème Biennale d’art contemporain, Moscou, Russie (2007)
1ère Biennale de Singapour, Singapour (2006)
Copy-art.net, IBID proj., ICA. Londres, Royaume Uni (2004);
Berlin North, artistes contemporains des pays nordiques à Berlin, Nationalgalerie im Hamburger Bahnhof, Museum für Gegenwart, Berlin, Allemagne (2004)
Yokohama Triennale 2001, Yokohama, Japon (2001)
Gwangju Biennial 2000, Gwangju, Corée (2000)
Performa 97, avec la Galerie Barbara Thumm, Berlin, Allemagne (1997)
Aperto, Biennale de Venise, Venise, Italie (1993)