Les Nouveaux commanditaires

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Sans titre (Le Jardin aux sentiers qui bifurquent)
Bruno Peinado

Commanditaires - Le comité des patients représenté par Reine Levy, Françoise Laugraud, Jean François Cossé, Laurette Launay and Béatrice Le Gallet
Les membres du personnel du centre de lutte contre le cancer René Gauducheau: Isabelle Thebault (Espace de rencontre et d’information), Philippe Bourrel (Directeur des soins), Françoise Dayot (Coordinatrice des soins de supports), Dr Hélène Senellart (Oncologue médical – Médecin réfèrent aspects socioesthétique (apeseo), Dr Véronique Barbarot (Oncologue médical - Médecin référent soins palliatifs prise en charge de la douleur), Thomas Della Maestra (Responsable du service technique), Joëlle Pichon (Responsable des affaires juridiques des assurances et des relations avec les usagers), Béatrice Oheix (Secrétaire médicale principale), Maryse Mossard (Cadre de santé consultations)
Mediateur - Marie-Laure Viale & Jacques Rivet
Soutien - Fondation de France, action Nouveaux commanditaires, le ministère de la Culture et de la Communication / Direction générale de la création artistique / Direction régionale des affaires culturelles des Pays de la Loire au titre de la commande publique, l'Institut de Cancérologie de l'Ouest (ICO) René Gauducheau.
Institut de Cancérologie de l'Ouest (ICO) René Gauducheau, boulevard Jacques Monod, Saint-Herblain, France, 2012

En janvier 2011, l'Institut de Cancérologie de l'Ouest (ICO) est né de la fusion des Centres de Lutte Contre le Cancer René Gauducheau (Nantes) et Paul Papin (Angers). En quinze ans, le Centre René Gauducheau s'est développé au rythme des avancées technologiques, de la recherche et des techniques médicales. En 2009, un nouveau bâtiment médico-technique permet de doubler la superficie et d'accompagner l'expansion des disciplines phares de la cancérologie.

Dans ce contexte, l'amélioration de la prise en charge du patient est pensée à travers la reconversion de deux plateaux (1500m2), libérés par l'extension architecturale et destinés aux soins de support (kinésithérapie, psychologie, psychiatrie, soins palliatifs, diététique, sophrologie, douleur, assistante sociale) et aux consultations.
Ces espaces, denses en fréquentation mais aussi en émotions, ont été regroupés en un seul lieu pour le confort des patients et pour favoriser une prise en charge optimale des usagers. De plus, ils offrent de meilleures conditions de travail aux équipes médicales et paramédicales de l'Institut de Cancérologie de l'Ouest.

C'est dans ce cadre qu'est née l'idée d'intégrer à ce lieu une oeuvre d'art contemporain avec la volonté d'associer les patients à la réflexion. Une oeuvre pensée avec les patients afin de créer un espace apaisé et stimulant au niveau du plateau des soins de support et des consultations. Un groupe de commanditaires s'est formé en 2010, réunissant des patients, des représentants du personnel, soignant, administratif, technique et de la direction Générale. Ces personnes se sont engagées dans l'aventure d'une commande artistique.

Pour accompagner et concrétiser ce désir fort de faire surgir une oeuvre unique dans un Centre de Lutte Contre le Cancer, l'Institut de Cancérologie de l'Ouest a engagé un partenariat avec la Fondation de France à travers son action Nouveaux commanditaires et le ministère de la Culture et de la Communication (DRAC Pays de la Loire) dans le cadre de la commande publique. Le cahier des charges, émis par les patients de l'Institut, a laissé apparaître le désir d'une oeuvre vivifiante, diffuse dans les espaces d'attente et de circulation, évocatrice d'un jardin, « passerelle » entre l'Institut de Cancérologie et le monde extérieur.


Bruno Peinado a élaboré une oeuvre qui s'immisce dans la peau de l'architecture en y dessinant des lignes de couleurs. Ce réseau se déploie du sol au plafond comme une arborescence aux ramifications luxuriantes qui transforme en couleur franche tout ce qu'elle touche : une banquette se colore en rouge, un rideau évolue dans un vert printanier. Bruno Peinado hybride ces cheminements au revêtement du sol par la technique de la marqueterie. Historiquement, la marqueterie imbrique des essences de bois rares. Ici, elle mixera les couleurs d'un revêtement en PVC. L'intervention environnementale se complète au plafond par la pose de caissons lumineux qui diffusent une lumière avec des rythmes pulsés de couleurs et d'intensité en constante régénérescence.

Le titre de l'oeuvre « Sans titre, le jardin aux sentiers qui bifurquent » livre un précieux complément d'information. Avec la mention Sans titre, Bruno Peinado offre au spectateur le choix de nommer lui-même l'oeuvre, puis il emprunte le titre d'une nouvelle de Jorge Luis Borges, Le Jardin aux sentiers qui bifurquent, « pour ces qualités d'évocation d'un ailleurs dans un espace clos, un lieu aux divers sentiers où la notion de décision pourrait être réinvestie. Ces entrelacs dessinés dans l'espace pourraient être comme la représentation et l'activation de ce potentiel dynamisant du choix.»

Bruno Peinado

Bruno Peinado est né à Montpellier en 1970. Installé à Douarnenez, il enseigne à l'école supérieure d'art de Quimper. Représenté en France par la galerie Lœvenbruck (Paris), il montre régulièrement son travail à l'étranger (États-Unis, Italie, Espagne, Suisse et Autriche). Plusieurs Centres d'art et institutions lui ont consacré des expositions personnelles importantes : le Casino Luxembourg (2010), le FRAC des Pays de la Loire (2007), ainsi que le Palais de Tokyo (2004). Il a participé à de nombreuses expositions collectives notamment La Force de l'Art 02 au Grand Palais, Paris (2009), à la biennale d'art contemporain de Lyon (2007). Ses œuvres sont présentes dans des collections publiques et privées : au Fonds National d'Art Contemporain, aux FRACS : Pays de la Loire, Basse Normandie, Corse, Nord Pas de Calais, Poitou-Charentes mais aussi aux Musées de Jérusalem, Tours et au Luxembourg.

L'œuvre de Bruno Peinado apparaît comme une des plus emblématiques d'une génération influencée notamment par le « rhizome » (G. Deleuze et F. Guattari). S'inscrivant dans une histoire du collage comme geste d'appropriation du réel mais aussi geste métaphorique de la « créolisation » (Edouard Glissant), Bruno Peinado manie avec virtuosité de nouveaux modes de montage par hybridation, mixage, métissage, sampling. Ce recyclage des produits culturels occidentaux provoque des collisions inédites dont les chocs produisent des œuvres énergiques qui se livrent avec optimisme sans cacher les réalités qu'elles sous-tendent. La plus célèbre de ces œuvres est le Bibendum marron à la coupe afro et au poing levé, (The Big One World, 2000, coll. FRAC Poitou-Charentes).