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Skolem - Une sculpture mathématique
Jessica Stockholder

Commanditaires - Jean-Pierre Bourguignon, mathématicien et directeur de l'IHES, Max Leguem, initiateur du projet "mathematiciens en short", à la tête de la MJC de Torcy (Maison des Jeunes et de la Culture), les élèves de l'école primaire du Parc du Château
Mediateur - Mari Linnman
Soutien - Fondation de France, Conseil régional d'Ile-de-France, Communauté d'agglomération du Plateau de Saclay, Fondation EDF, Conseil général de l'Essonne, Association Les Amis de l'IHÉS, Délégation régionale à la recherche technologique Ile-de-France
Institut des Hautes Études Scientifiques, Bures-sur-Yvette, France

En 2000, pour coïncider avec l'Année Mondiale des Mathématiques, le projet "Recréations mathématiques pour les mathématiciens en pantalon court" a été mis en place par Max Leguem, alors responsable du MJC Chilly-Mazarin. Dans deux écoles primaires publiques de la région, un atelier hebdomadaire de jeux mathématiques a été organisé pour les classes de niveau CE2 (cours élémentaire 2) et CM1/CM2 (cours moyen 1 et 2). L'idée avait été élaborée par Jean Brett, mathématicien et chef du département de mathématiques du Palais de la Découverte, en étroite collaboration avec Jean-Pierre Bourguignon, directeur de l'Institut des Hautes Études Scientifiques ; les deux hommes ont d'ailleurs suivi l'exécution pédagogique du projet en visitant régulièrement le programme sur place. Afin d'offrir la même expérience à un public plus large composé d'un mélange d'adultes et d'enfants, les commanditaires ont voulu faire réaliser une version monumentale d'un jeu mathématique situé en plein air. La rencontre entre les sciences mathématiques et la création artistique est apparue comme une approche pertinente dans cette perspective.

La composition de la sculpture repose sur le principe du Jeu des Cavaliers inventé par Jean Brette. Il résulte d'un casse-tête basé sur un problème mathématique complexe issu de la combinatoire et soulevé pour la première fois dans les années 1950 par le célèbre mathématicien Albert Skolem. Deux parties se faisant face structurent l'œuvre : l'une donne une représentation tridimensionnelle de quatre solutions, l'autre ressemble à un espace de jeu accessible au public. La partie volumétrique est composée de huit éléments facilement identifiables par leur matériau, leur couleur, leur forme et leur hauteur, reposant sur un plancher numéroté et hachuré. Découvrir les relations établies entre la base de chaque élément et la numérotation est la clé des règles du jeu. Des bandes de béton coloré traversées par des rails permettant de faire glisser des barres d'acier de différentes longueurs constituent la deuxième partie. C'est en positionnant ces éléments d'acier comptant comme Chevaliers que le public est invité à trouver des solutions résolvant le principe mathématique. Le puzzle sera plus ou moins complexe selon le nombre de chevaliers impliqués. L'expérience esthétique proposée ici s'avère riche et complexe, exigeant du spectateur une dimension très active, tout en préservant la dimension ludique et le plaisir visuel.

Le médiateur a suggéré de faire appel à Jessica Stockholder, une artiste qui, depuis le début des années 1980, se consacre à la sculpture en dotant le pictural de spatialité. Souvent monumentales, et introduisant toujours un lien avec le lieu en question, les œuvres qu'elle produit sont issues de l'assemblage - un déploiement de matériaux, d'objets et d'autres éléments divers à travers lesquels l'aspect combinatoire est exploré dans toutes ses manifestations : relations entre les parties et le tout, expérimentation avec permutations multiples, évaluation des probabilités. Les jeux de tension inhérents au principe de l'accumulation, le choix des matériaux suscitant l'étonnement et un chromatisme jubilatoire constituent également des caractéristiques récurrentes de ses installations. De plus, pour cette artiste qui revendique le hasard dans son travail, la matière permet d'atteindre un espace abstrait. Il s'agit de découvrir l'analogie entre les processus inhérents à la créativité artistique et les processus de pensée. De plus, chaque œuvre invite à être appréhendée de manière physique, ce qui conduit le spectateur à découvrir la multiplicité des points de vue qui existent pour chaque installation (dimension perceptive de l'aspect combinatoire), et à prendre conscience des voies et des moyens par lesquels la pensée émerge.